Dernière soirée …

Décollage demain 13h. Pourtant … je ne réalise pas … tout cela me semble si lointain … pourquoi est-ce que j’y vais déjà ? Je ne sais plus, l’ais-je jamais su ?

Là, je suis en train de faire mes bagages, de tout préparer. Je fais ça calmement, presque professionnellement, sans bien comprendre ce que cela implique. D’un autre côté je n’ai pas de craintes particulières non plus … mes peurs de la semaine dernière se sont évanouies de la même façon que mes rêves.

C’est peut-être ça être prêt justement. Être tellement libéré des désirs, des attentes et des peurs que je serais complètement ouvert à tout ce qui pourra se passer … En plus malgré tout ce que j’ai planifié sur papier, il n’y a concrètement que mon hôtel d’arrivée qui est réservé … ce qui laisse une porte grande ouverte à la manifestation du Mystère.

Bon, il faut que je finisse de faire mes bagages, une longue journée m’attend demain …

Dernière semaine

Le départ approche … je ne sais pas si je suis prêt, une grande motivation et une tristesse latente se succèdent en boucle. Quand je pense au pays j’imagine des couleurs, de la vie, des bruits, des odeurs, mais aussi l’oppression d’une foule trop nombreuse, la peur d’être un étranger en territoire inconnu, tandis que se mêlent à ces images et émotions les craintes et les rêves de mon entourage.

Pour mon dernier week-end en France j’irais à la rencontre de Shiva, avant d’aller le voir dans son pays. N’y-a-t-il pas meilleure préparation ?

Planning

Etant donné que cette excursion est relativement courte (1 mois), j’ai fait un véritable planning avec des étapes. Tant pis pour le mode « aventure » …
– Delhi दिल्ली : 5 jours
– Agra आगरा : 3 jours
– Ujjain उज्जैन : 3 jours [+1j pour y aller]
– Varanasi वाराणसी : 5 jours [+1j pour y aller]
– Haridwar हरिद्वार : 2 jours [+1j pour y aller]
– Rishikesh ऋषिकेश : 5 jours
Aussi, la nuit du 24 au 25 février est la grande nuit de la Maha Shivaratri, la grande nuit annuelle consacrée à Shiva dans toute l’Inde, et donc un moment fort en perspective. Content d’être sur place pour voir ça !

Deuil, Janvier 2017

Groggy, sous le choc, écœuré d’avoir dû l’euthanasier, j’ai encore du mal à imaginer que je ne la reverrais plus. Ces derniers mois ont été tellement intenses … et elle a encore été tellement incroyable … de douceur, de compréhension, de force, de volonté, de courage. Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle soit partie … qu’un être aussi fort puisse quand même mourir …

Le 2 Janvier, pour mon 42ème anniversaire, j’achète mon billet d’avion. Je n’ai plus vraiment le cœur à ça, mais je me souviens de ce qui m’habitait avant ces événement et j’ai envie de le retrouver. Mais je me laisse le temps, je partirais le 31 Janvier. Mon visa obtenu fin août cours encore jusqu’au 28 février, je ferais au minimum un mois sur place avant de rentrer et décider de la suite des événements.

Le Sacrifice et l’Amour, Automne 2016

Le dimanche 4 septembre au matin, je reçois un SMS de C. : il y a du sang partout dans le couloir. J’appelle immédiatement, inquiet, je demande aussi à voir une photo. Quand je vois la photo … je vois une mare de sang ! On appelle aussitôt les urgences vétérinaires et je me met immédiatement en route pour voir ce qu’il en est. Pour l’instant pas question d’annuler mon voyage …
Lors de l’intervention du vétérinaire, la petite perd de nouveau beaucoup de sang. Le soir je rentre chez moi, mais le comportement de Katana inquiète, on appellent de nouveau les urgences vétérinaires qui nous demandent de l’amener. Je sens alors que la situation commence à m’échapper … dans une tentative désespérée de conjurer les événements qui se profilent, je laisse C. aller seule chez le vétérinaire … le lendemain matin j’apprends que mon Amour a encore perdu beaucoup de sang et s’est plutôt bien occupée du bras d’un des vétérinaires … je vais la récupérer au petit matin, finalement résigné à ce que les trames du destin m’imposent.

Les 4 mois qui suivent sont intenses, difficiles, douloureux … je suis écartelé entre mon désir de faire ce voyage et tout l’Amour que j’ai pour Chat … je décide progressivement d’annuler tout mon voyage, et la dernière semaine avant Noël je n’ai finalement plus du tout envie de partir, seule Chat m’importe, je veux qu’elle vive envers et contre tout. Je passe presque ma semaine entre mon appart et la clinique vétérinaire, nous tentons tout ce qui est encore possible … mais le 24 décembre au matin, il est clair qu’il n’y a plus aucune solution viable, pour la maintenir en vie il faudrait que j’aille au minimum 1 ou 2 fois par semaine chez le véto, avec à chaque fois une anesthésie. Ce n’est plus une vie, ce n’est plus possible … et les vétérinaires commencent à me le faire comprendre. Je n’ai pas envie, mais je n’ai plus vraiment le choix. Effondré, je vais une dernière fois à la clinique vétérinaire. La vétérinaire qui nous accompagnera sur ce dernier voyage est aussi celle qui m’a le plus touché dans sa façon de s’occuper d’elle … ma tristesse peut se manifester librement … Katana se jette dans mes bras avant que l’anesthésie ne l’endorme … puis l’ultime injection … puis la fin …

Le 25 au matin, je prends ma voiture avec le corps de Katana. 3h30 de route avant d’atteindre une forêt magique du sud de la France. Le lieu m’accueille et m’accompagne pendant que je creuse sa dernière demeure. Je m’effondre encore une fois lorsque je la rend à la terre … puis je passe la nuit sur sa tombe, la salue une dernière fois et rentre faire mon deuil.

Préparation, été 2016

A partir de Juillet, je commence donc concrètement à me préparer. Je me débarrasse de 80% de mes possessions matérielles, livres, CDs, meubles, vêtements inutiles, bibelots divers, … fin août il me reste seulement 1 table, 6 chaises, une commode et une table de nuit. Heureusement la cuisine est encore intacte à ce moment, j’en aurais bien besoin pour la suite …
Je fais les démarches pour avoir mon visa, et je décide que j’achèterai mon billet d’avion le premier lundi de septembre.
Le samedi 3 septembre au soir, je confie ma petite minette, Katana, à C. qui doit la garder jusqu’à mon retour.

Tout est en place, tout peut basculer.

L’attente, 2015/2016

Je me rend compte avec l’écoulement de cette année que le feu qui m’habitait en juillet 2015 s’éteint lentement. Il subsiste, mais son intensité baisse … je fais avec néanmoins et garde mon cap, la flamme reprendra toute sa force au moment venu.

Fin mai, un petit accident m’immobilise le bras droit pendant un mois. J’arrête donc de travailler un mois plus tôt que prévu … Fin juin je suis de nouveau entièrement opérationnel, la préparation peut commencer.

La décision, été 2015

Durant la période de Mai/Juin 2015, je n’ai presque pas travaillé, le temps pour moi et mon principal client de répondre à certaines questions sur notre collaboration. La dernière semaine de Juillet, avant de partir 3 semaines en vacances, je retourne travailler pour eux … et là, je me rend compte que ces 2 mois sans travailler m’ont permis de prendre un recul important sur beaucoup de choses ! Et je me rend aussi compte que ce n’est pas assez, que j’ai besoin de plus de temps pour prendre un vrai recul sur des aspects importants de ma vie.

Du coup, l’évidence s’impose à moi : je dois faire un break, un long break d’au moins un an. L’idée de l’Inde vient se greffer d’elle-même. J’ai toujours eu envie d’aller visiter ce pays, mais je ne me m’étais jamais senti prêt à faire face à sa marée humaine. Mais là, lorsque je prends cette décision, je me sens la capacité de faire face à toutes les difficultés que je pourrais rencontrer. Et j’ai envie de voyager seul, de découvrir, de laisser les événements me guider. Et la spiritualité de l’Inde me parle aussi beaucoup, j’ai des choses à apprendre là-bas, j’en suis sûr. Du coup, je décide avec force et fermeté : je partirais, un an au minimum, et rien ne m’arrêtera.

Mais j’ai encore quelques clients, dont un très important, il faut que je les préparent à l’arrêt de notre collaboration, car je ne sais pas si j’aurais envie de continuer cette activité professionnelle en revenant de mes aventures … Je fixe donc mon départ à Août/Septembre 2016. Aussi, je décide que je brûlerai tout derrière moi avant de partir : appart, voiture, clients donc, … la seule chose qui m’interroge est mon chat. Mais dès Novembre je trouve quelqu’un pour la garder et il n’y a alors plus rien qui me retienne.